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Elections législatives en Espagne : la renaissance du Parti Populaire

Elections législatives en Espagne : la renaissance du Parti Populaire

Les élections municipales et régionales de mai 2023 avaient vu un triomphe des droites espagnoles et avaient conduit le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir à convoquer des élections législatives anticipée. Le bilan mitigé des socialistes ainsi que l’amateurisme et le wokisme de leurs alliés de gauche radicale (Unidas Podemos) avaient entraîné une sanction dans les urnes et laissaient présager un retour de la droite au pouvoir. À quelques jours des élections, les sondages semblent confirmer cette probable victoire des conservateurs du Parti Populaire (PP) même si on assiste à une résurgence de la gauche radicale qui avait pourtant connu une forte déroute lors des élections locales.

 

Les droites aux portes de la victoire

Pour Alberto Núñez Feijóo, président du Parti Populaire, la situation politique semble radieuse. Le PP dépasse les 30% dans tous les sondages, et parfois même les 35%, tournant la page de 2019 où, pour la première fois de son histoire, le PP passait sous la barre des 25% en novembre et même des 20% en avril. Sous la direction de leur nouveau président, désigné l’année dernière, les conservateurs renouent avec le succès. Pourtant, Alberto Núñez Feijóo ne semblait pas destiné à mener son camp politique lors de ces élections. Pablo Casado, représentant de l’aile radicale du parti, tenait fermement le parti depuis 2018 et entendait profiter des élections de 2023 et du discrédit de la gauche au pouvoir pour faire triompher sa ligne national-conservatrice. L’émergence d’une autre figure de l’aile droite du PP, la Présidente de la communauté de Madrid Isabel Díaz Ayuso était venue menacer sa domination sur le parti. S’en était suivi une véritable guerre civile au sein du parti entre deux figures pourtant très proches politiquement. L’affaiblissement du parti provoqué par ce conflit et son décrochage dans les sondages avaient obligé finalement Pablo Casado à démissionner de son poste de président du PP et c’est le centriste Alberto Núñez Feijóo qui avait pris sa place, profitant de la déroute de l’aile droite divisée. Il a su unifier les différents électorats de droite espagnole. Ce libéral a su récupérer une partie de l’électorat modéré en profitant de la non-participation du parti centriste Ciudadanos au bord de la mort politique. Dans le même temps, les alliances du PP avec le parti patriote Vox au niveau local, soutenues par Alberto Núñez Feijóo, ont permis de rassurer les franges plus radicales de l’électorat de droite. Les bonnes prestations du candidat conservateur lors de la campagne, et notamment en débat contre le socialiste Pedro Sanchez, lui ont permis de capitaliser sur cette situation politique favorable.

Les élections de dimanche s’annoncent aussi bonnes pour les populistes du parti Vox, issu d’une scission de l’aile radicale du PP. Nouveau venu dans l’espace politique espagnol, le parti patriote devrait confirmer sa place de troisième parti du pays entre 10% et 15%. Les dernières élections locales lui avaient permis d’entrer en force dans les conseils municipaux et régionaux du pays et en avaient fait un partenaire de gouvernement incontournable pour le PP. Au niveau national aussi, une alliance avec Vox devrait être nécessaire au PP pour diriger le pays. Le parti patriote fondé en 2013 par son actuel leader Santiago Abascal pourrait donc entrer au gouvernement pour imposer ses thèmes : la lutte contre l’immigration, la défense des valeurs traditionnelles contre le wokisme et le maintien de l’unité de l’Espagne contre les prétentions séparatistes et régionalistes, notamment catalanes et basques. C’est d’ailleurs la crise catalane qui avait permis à ce parti résolument unioniste d’émerger. Une seule ombre au tableau : la forte polarisation de la vie politique espagnole en cette fin de campagne bénéficie aux deux principaux partis, PP et PSOE, et conduit à une baisse de Vox, comme du nouveau parti de gauche radicale Sumar, dans les sondages. Vox risque donc de perdre quelques sièges par rapport à 2019.

 

Les socialistes en déroute

Pedro Sánchez, président du gouvernement d’Espagne, avait espéré que la tenue d’élections anticipées pourrait mettre en difficulté la droite et permettre aux socialistes de son parti, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de rester au pouvoir. Malgré une progression dans les sondages visible en fin de campagne, cela ne devrait pas être le cas. Le PSOE présente pourtant un bon bilan économique. L’Espagne affiche la meilleure croissance de la zone Euro, le chômage est revenu à son niveau de 2008 après avoir plus de doublé au moment de la crise, l’inflation est passé sous la barre des 2%, de nombreuses aides sont venus aider les ménages les plus modestes, le salaire minimum a augmenté de 50% et la précarité a reculé avec une division par deux du nombre de CDD et une forte augmentation des CDI. Pourtant les socialistes ne parviennent pas à convaincre. La crise du COVID a entraîné une forte baisse du pouvoir d’achat. Les négociations avec les nationalistes basques et catalans ont irrité les socialistes historiquement attachés à l’unité espagnole et ont nourri Vox, de même que la mauvaise gestion de l’immigration, notamment dans les enclaves de Ceuta et Melilla. Enfin les dérives wokes des ministres de gauche radicale et leur amateurisme a effrayé l’électorat de centre-gauche, d’autant plus que Pedro Sánchez s’étant engagé à ne pas gouverner avec Unidas Podemos avant les élections de 2019.

 

La renaissance de la gauche radicale

Après avoir failli remplacer le PSOE comme premier parti de gauche et être entré au gouvernement, Unidas Podemos, a connu un lent effondrement. Le parti de gauche radicale a eu du mal à se relever du départ de son président et fondateur, le médiatique et charismatique Pablo Iglesias en 2021. De plus, les controverses provoquées par la Ministre de l’Egalité, Irene Montero, ont affaibli le parti. La « loi trans » qui permet aux personnes dites « transgenres » de changer de nom et de sexe lors d’un simple rendez-vous auprès de l’administration, sans fournir de rapport médical, et cela dès 16 ans, voir dès 12 ans en cas d’accord de la justice a été critiquée y compris au sein de la gauche radicale. Et la loi « seul un oui est un oui » censée mieux protéger les femmes victimes de violences sexuelles a conduit, à cause d’une faille anticipable dans la rédaction de la loi, à une réduction de peine, voir à une libération, de plusieurs centaines de violeurs ou agresseurs sexuels déjà condamnés. Les élections locales de mai avaient été catastrophiques pour le parti. Pourtant les sondages semblent indiquer un renouveau pour la gauche radicale. Un nouveau parti, Sumar (Unir), est parvenu à rassembler derrière lui les principales chapelles de la gauche radicale, dont Unidas Podemos, et est actuellement quatrième dans les sondages, talonnant Vox. Sa dirigeante et fondatrice, la ministre du travail Yolanda Diaz, bénéficie d’une très forte popularité grâce aux politiques qu’elle a mises en place et qui ont permis de réduire le chômage et la précarité. Ces élections devraient permettre à son nouveau parti d’entrer au Parlement et de s’imposer comme un nouvel acteur politique de la scène espagnole.

Si les sondages ne se trompent pas, ces élections devraient permettre aux patriotes espagnoles d’entrer au gouvernement aux côtés des conservateurs. Ils auront la tâche de mettre fin aux politiques de déconstructions initiées par la gauche au pouvoir, de lutter contre l’immigration qui touche l’Espagne et de préserver l’unité du pays contre les risques de sécessions, notamment de la Catalogne. S’ils savent répondre aux attentes du peuple espagnol, cette première victoire pourrait permettre à Vox d’espérer se renforcer au Parlement Européen à l’issue des élections européennes qui auront lieu l’année prochaine. Un risque demeure. Si Vox semble le partenaire naturel du PP, avec qui il gouverne déjà plusieurs régions, certaines déclarations du leader conservateur semblent inquiétantes. Il a ainsi fait campagne au centre et déclaré se sentir plus proche de l’aile modérée du PSOE que de Vox. Dans sa région de Galice, Alberto Núñez Feijóo gouverne seul, le PP bénéficiant d’une majorité absolue. Or la disparition du parti centriste Ciudadanos et l’alliance d’un côté entre le PSOE et la gauche radicale et de l’autre entre le PP et Vox au niveau local ont laissé un espace politique au centre. Si certains sociaux-démocrates se laissaient tenter par la création d’un nouveau parti, le PP pourrait avoir une alternative à l’alliance avec Vox. Les patriotes verraient alors leur victoire leur échapper des doigts. Néanmoins si le PP prenait cette voix, il pourrait se mettre en porte-à-faux avec leur électorat, une majorité des électeurs conservateurs, comme des élections patriotes, étant favorable à une alliance entre les deux partis de droite. Espérons que Alberto Núñez Feijóo saura entendre la voix de ses électeurs.

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