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Elections en Grèce : le retour au statu quo politique ?

Elections en Grèce : le retour au statu quo politique ?

Le 21 mai prochain auront lieu les élections législatives en Grèce. Après le bouleversement politique lié à la crise économique lors des élections de mai 2012, les élections qui arrivent devraient confirmer le « retour à la normale » débuté lors des élections de septembre 2015. Néanmoins les traces de la crise restent présentes dans la société grecque et des forces politiques contestataires continuent de menacer le pouvoir en place.

Une vie politique longtemps dominée par deux clans politiques

Depuis les années 1970 et jusqu’à la crise économique des années 2000, la vie politique grecque était dominée par deux partis politiques : au centre-gauche le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) et au centre-droit la Nouvelle Démocratie (ND). Cette domination politique se doublait d’une domination familiale. Ainsi à gauche, Andréas Papandréou fut président du PASOK de sa création en 1974 à 1996 et premier ministre de la Grèce de 1981 à 1989 puis de 1993 à 1996 (la Grèce est un système parlementaire où le président a très peu de pouvoir et où le premier ministre dirige). Il était le fils de l’ancien premier ministre centriste Georgios Papandreou et le père de George Papandreou qui fut président du PASOK de 2004 à 2012 et premier ministre de 2009 à 2011. Du côté de la Nouvelle Démocratie, son fondateur Konstantinos Karamanlis fut premier ministre pendant presque 15 ans dans les années 1950 à 1980 et c’est son neveu, Kostas Karamanlis, qui dirigea la ND de 1997 à 2009 et la Grèce de 2004 à 2009. Et si l’actuel premier ministre et président de la ND Kyriakos Mitsotakis n’est pas membre de la même famille, il est le fils de l’ancien premier ministre Konstantinos Mitsotakis et compte dans sa famille deux autres premiers ministres, Sofoklis Venizelos et Eleftherios Venizelos. La démocratie grecque fut donc pendant longtemps dominée par de véritables clans politiques.

Au début des années 2000 existent à côté de ces deux forces politiques, des formations plus radicales qui contestent le système établi. D’un côté la droite radicale est rassemblée à partir de 2000 au sein de l’Alerte populaire orthodoxe (LAOS), parti nationaliste grec et conservateur chrétien orthodoxe. De l’autre la gauche radicale est divisée entre deux partis issus de la gauche communiste. D’un côté les communistes favorables pendant la guerre froide à une rupture (ou au moins à un éloignement) avec l’Union Soviétique puis à une rupture avec l’héritage communiste fondent en 1991 la Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie (Synaspismós) qui deviendra la Coalition de la gauche radicale – Alliance progressiste (SYRIZA) en 2013. De l’autre les partisans de la ligne dure fidèle au marxisme-léninisme maintiennent le Parti communiste de Grèce (KKE).

Les conséquences politiques de la crise économique grecque

La crise économique grecque vint ébranler ce système politique. En 2011, les rivaux du PASOK et de la Nouvelle Démocratie se mettent d’accord pour former un gouvernement d’union nationale avec le soutien du LAOS. Seule la gauche radicale (Synaspismós et KKE) refuse de participer à ce gouvernement. Les mesures d’austérité imposées se révélèrent très impopulaires et conduisirent à un fort discrédit des partis de l’alliance. Lors des élections de 2012, la ND connut une forte diminution, le PASOK s’effondra et le LAOS disparut. A l’inverse la gauche radicale menée par le leader de Synaspismós Alexis Tsipras connut une forte percée qui lui permit de devenir premier ministre. Sur les ruines du LAOS émergèrent les Grecs indépendants (ANEL) qui rejoignirent le gouvernement de Tsipras. De plus, la crise favorisa l’émergence de l’Aube Dorée, parti ultranationaliste longtemps marginal et accusés de violences et de néo-nazisme qui fut finalement interdit en 2020. Cette émergence de nouveaux partis fut facilitée par le système électoral grec basé sur une proportionnelle avec un seuil d’entrée au parlement à 3%. Malgré son discours radical, SYRIZA opéra un fort recentrage à partir de 2015 en acceptant les mesures d’austérité et céda finalement le pouvoir à la Nouvelle Démocratie en 2019.

Des élections de 2023 qui devraient voir un retour à un clivage gauche/droite classique

Les élections qui arrivent devraient refermer la parenthèse radicale des années 2010 avec un retour à une situation proche de celle d’avant la crise grecque. D’un côté la Nouvelle Démocratie conserve sa place de premier parti dans les sondages autour de 35% malgré une forte tendance à la baisse continue depuis 2020. De l’autre, la gauche est représentée par SYRIZA, devenu un parti de gauche modéré et la première force de gauche dans les sondages avec un peu moins de 30%, et la coalition PASOK – Mouvement pour le Changement qui regroupe le PASOK et des petits partis de gauche qui devrait avoisiner les 10%, confirmant le retour du PASOK dans la vie politique grecque en tant que force d’appoint. La vie politique grecque semble donc revenir à un clivage entre la gauche et la droite, quoique de façon plus radicale qu’avant la crise grecque. En effet, malgré ses évolutions idéologiques, SYRIZA reste plus radicale que le PASOK et la Nouvelle Démocratie s’est radicalisée en absorbant une grande partie des cadres du LAOS. Comme avant la crise grecque, les autres partis semblent pour le moment être redevenus des forces de contestation minoritaires. A gauche, SYRIZA subit les critiques des communistes du KKE mais aussi de dissidents menés par l’ancien ministre des finances de Tsipras, Yanis Varoufakis, et regroupés au sein du Front de désobéissance réaliste européen (MéRA25). D’après les sondages un peu plus de 10% de l’électorat pourrait se reporter sur ces deux listes. A droite, deux partis, Solution grecque (EL) et la Nouvelle droite (ND), se disputent l’héritage du LAOS. Ils pourraient bénéficier de l’interdiction faite début mai au Parti national, créé par des anciens de l’Aube dorée, de se présenter et semblent convaincre entre 5% et 10% des Grecs.

Aucune force politique ne devrait être en mesure d’emporter une majorité de sièges au parlement du fait de la suppression par le gouvernement de SYRIZA de la prime de 50 sièges (sur 300) au parti arrivant en tête. Outre la question du vainqueur du scrutin se pose donc aussi celle des coalitions. Une gauche unie pourrait-elle avoir une majorité ? Une nouvelle grande coalition entre la Nouvelle Démocratie et le PASOK est-elle possible ? Et si la ND a le choix entre une alliance avec la gauche ou avec les patriotes, que choisira-t-elle ? Dans ce contexte de trahison de la gauche radicale et de retour des vieux partis, l’enjeu pour les patriotes grecs est de répondre à la déception du peuple grec face aux difficultés économiques et migratoires que connait la Grèce, et au manque de réponses des gouvernements successifs face aux menaces et provocations de la Turquie voisine.

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