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Élections en Grèce : le renouveau de la droite grecque

Élections en Grèce : le renouveau de la droite grecque

Ce week-end les Grecs sont de nouveaux appelés à élire leurs députés, un mois seulement après les dernières élections. Malgré sa large victoire, le principal parti de droite, Nouvelle Démocratie (ND), a préféré ne pas constituer de coalition de gouvernement entrainant la tenue de nouvelles élections législatives. En effet, un changement dans la loi électorale qui ne concernait pas les précédentes élections mais entrera en vigueur pour celles de ce week-end devrait lui permettre de remporter une majorité absolue des sièges au Parlement grec et ainsi gouverner seul.

 

Le triomphe de la Nouvelle Démocratie

Le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, et son parti, Nouvelle Démocratie, sont les grands vainqueurs des élections de mai 2023. Déjouant les pronostics qui la donnaient au coude-à-coude avec son rival, la Coalition de la Gauche Radicale (Syriza), Nouvelle Démocratie a réuni 40,8% des suffrages loin devant Syriza (20,1%) et le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) de centre-gauche (11,5%). Son discours ferme sur l’immigration ainsi que son image de bon gestionnaire ont permis à la ND de confirmer son retour à son niveau électoral d’avant la crise grecque. Elle échoue cependant de peu à obtenir une majorité absolue, avec 146 sièges sur 300. Plutôt que de contracter une alliance avec la gauche ou la droite nationale, la ND a préféré provoquer de nouvelles élections. En effet, une réforme électorale n’entrant en vigueur que pour les prochaines élections permet au parti ayant terminé en tête de l’élection d’obtenir un bonus pouvant aller jusqu’à 50 sièges. La ND peut donc espérer obtenir une majorité absolue à l’issue des élections de ce week-end. L’électorat conservateur ne semble pas lui avoir tenu rigueur de cette décision, la ND étant en légère augmentation dans les sondages entre 40% et 45% ce qui devrait lui permettre de continuer à gouverner seule le pays.

Avec 20% des suffrages, le parti de gauche SYRIZA réalise son plus mauvais score depuis 2012. Pire, il est de plus en plus concurrencé à gauche, principalement par l’ancien parti hégémonique, le PASOK. Ancien parti anti-système rallié au consensus austéritaire, il ne parvient plus à incarner une alternative à la ND. Sa volte-face malgré sa victoire au référendum anti-austérité de 2015 a ancré dans l’esprit des Grecs qu’il n’y avait pas d’alternative aux exigences de la Commission Européenne et aux politiques de la ND. Ces nouvelles élections auraient pu lui permettre d’espérer une progression grâce à un effet de vote utile en sa faveur. Pourtant, son score reste stable dans les sondages signe que l’électorat de gauche a déjà acté la victoire de la ND. De son côté, le PASOK, en difficulté depuis le début de la crise grecque, dépasse les 10% et se rapproche de son rival SYRIZA. S’il est encore distancé, ses résultats confirmés dans les sondages lui permettent d’espérer à terme de disputer à SYRIZA la place de principale force de gauche.

 

La recomposition des forces radicales

La crise grecque avait entraîné une forte recomposition politique avec l’émergence de nouvelles forces tant à la droite nationale qu’à la gauche radicale. Le Parti communiste de Grèce (KKE) avait été dépassé par SYRIZA puis après le repositionnement de cette dernière au centre-gauche, plusieurs scissions avaient émergé. L’ancien ministre des Finances Yánis Varoufákis avait fondé le Front de désobéissance réaliste européen (MéRA25) social-démocrate et pro-européen tandis que l’aile gauche de SYRIZA créait l’Unité populaire (LAE) socialiste et eurosceptique. Enfin la frange la plus radicale d’Unité populaire s’était détachée pour fonder un troisième parti Cap sur la liberté (PE).

De son côté, la droite nationale connaissait elle aussi un émiettement. Avec la disparition de l’Alerte populaire orthodoxe (LAOS), parti historique des patriotes grecs compromis dans le gouvernement d’unité nationale avec la ND et le PASOK, une foule de petits partis nationalistes et conservateurs avait émergé et se disputait cet espace politique. Solution Grecque (EL) et la Nouvelle Droite (Nea Dexia) étaient les plus importants. Par ailleurs, la crise avait permis l’émergence d’un parti ultranationaliste, l’Aube dorée (XA) finalement interdit. De cette dissolution étaient nées plusieurs organisations radicales luttant juridiquement pour pouvoir se présenter aux élections. La principale, le Parti national (EK), avait vu sa participation aux élections de mai interdite par la Cour de cassation grecque du fait de l’appartenance passée de ses leaders à l’Aube dorée. Des deux côtés de l’échiquier politique, les élections de 2023 constituent une période de clarification pour déterminer quelles forces politiques vont incarner sur le long terme une alternative à ce retour du clivage droite/gauche en Grèce.

Au sein de la gauche radicale, le Parti communiste est parvenu à se maintenir comme la principale force politique avec 7,2% des voix. Dans le même temps, le rapport de force au sein des scissions de SYRIZA s’est inversé. Un duel opposait d’un côté les deux partis les plus modérés, MéRA25 et l’Unité populaire, et de l’autre les radicaux du Cap sur la liberté. MéRA25 étant le seul de ces partis à être déjà présent au parlement grec, il était le favori. Pourtant Cap sur la liberté est parvenu à le dépasser avec 2,9% des suffrages (contre 2,6%) échouant de peu à atteindre le seuil des 3% nécessaire pour obtenir des sièges. Cette tendance se renforce dans les sondages où Cap sur la liberté est donné à plus de 3%, et devrait donc entrer au Parlement, tandis que MéRA25 voit son soutien diminuer.

Du côté de la droite radicale, Solution Grecque confirme son statut de parti dominant et remporte son duel avec la Nouvelle Droite (4,5% contre 0,8%). Néanmoins, un autre parti patriote a créé la surprise en échouant de peu à entrer au parlement (2,9%) : le Mouvement patriote démocrate – Victoire (NIKI). Les prochaines élections devraient permettre à ces deux partis de dépasser le seuil d’entrer au Parlement même si l’apparition d’un nouveau parti, Les Spartiates, regroupant des cadres de l’Aube dorée et autorisé cette fois-ci à se présenter pourrait poser problème à NIKI.

 

Les braises de la contestation ne sont pas encore éteintes

Si comme attendu, cette élection a confirmé le retour à un clivage gauche/droite classique, la crise grecque a laissé des traces profondes dans la vie politique grecque. Près d’un Grec sur quatre a voté pour un parti radical, de gauche ou de droite. Et si les sondages montrent que la Nouvelle Démocratie devrait voir son nombre de sièges augmenter du fait du nouveau système de scrutin, l’entrée annoncée de deux nouveaux partis, NIKI à droite et Cap sur la liberté à gauche, devrait aussi renforcer les voix opposées au consensus libéral et mondialiste. Reste à savoir qui de la droite nationale ou de la gauche radicale sera capable de faire trembler de nouveaux la Commission européenne.

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