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Les performances éducatives dans l’Union Européenne et l’immigration

Les résultats de l’enquête PISA 2022, réalisée auprès de 700 000 jeunes âgés de 15 ans dans 81 pays membres ou partenaires de l’OCDE (8 000 en France), sont désormais connus et ont été largement commentés : une baisse sans précédent des performances des élèves dans l’ensemble de l’OCDE, par rapport aux résultats obtenus lors de l’enquête de 2018. La baisse moyenne est de 15 points en mathématiques et 10 points en compréhension de l’écrit, sachant qu’une année complète d’enseignement à l’âge de 15 ans est équivalente à 20 points. Cette baisse, selon le rapport de l’OCDE, n’est imputable qu’en partie à la pandémie de COVID survenue dans l’intermède entre le dernier rapport et le précédent, et cette partie n’est sans doute pas majeure. Par ailleurs, la distraction engendrée par les dispositifs numériques, pendant les cours et en dehors des cours, est pointée, car elle est corrélée avec de moins bons résultats. Enfin, le rapport relève une baisse de l’implication des parents dans l’apprentissage des élèves, implication qui est statistiquement favorable aux performances des élèves. En revanche, les conséquences de l’immigration ne sont pas citées en préface du rapport comme un élément d’explication de l’effondrement du niveau des élèves testés. Pourtant, une lecture minutieuse des résultats révèle un impact significatif et probablement sous-estimé de l’immigration sur les performances des élèves, spécifiquement en Europe, et plus encore dans le nord de l’Union Européenne, une région marquée par une forte croissance de la proportion d’élèves issus de l’immigration (se reporter au tableau en annexe). Les observations qui suivent se concentrent sur les neuf pays suivants : France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Slovénie, Autriche, Danemark, Suède et Finlande.

Dans son « résumé » destiné aux décideurs et à la presse, l’OCDE estime, comme dans ses précédents rapports, que l’immigration est un facteur d’iniquité dans les performances des élèves, au même titre que le milieu socioéconomique et le genre, puisque les élèves autochtones obtiennent de meilleurs résultats en mathématiques que les élèves issus de l’immigration dans les pays de l’OCDE (29 points de plus en moyenne, soit un an et demi de scolarité) . Ces résultats confirment un écart important déjà observé dans les précédents rapports : par exemple, 43 points en 2015 pour les résultats en sciences. Cet écart de 29 points est toutefois nuancé par l’OCDE et ramené à 5 points, « après contrôle du milieu socio-économique et de la langue parlée en famille. » Cette nuance, qui pourrait laisser penser que l’impact de l’immigration sur les performances scolaires dans l’OCDE est négligeable, appelle trois observations qui tendent au contraire à penser que l’impact de l’immigration est sous-estimé dans l’Union Européenne.

 

La discipline étudiée

 

En 2022, l’OCDE a fait le choix de développer davantage la comparaison entre les élèves issus de l’immigration et les élèves autochtones en mathématiques, en particulier dans son résumé. Pourtant, l’écart de performance se révèle supérieur en sciences et en compréhension de l’écrit, ce qui ne surprend pas puisque les résultats dans ces deux exercices dépendent davantage du niveau de pratique (lecture et écriture) de la langue du pays d’accueil, qui n’est majoritairement pas celle parlée dans le foyer chez les élèves issus de l’immigration (cf. infra). On observe ainsi un écart défavorable de 39 points en compréhension de l’écrit chez les élèves issus de l’immigration dans l’OCDE (contre 29 points en mathématiques) en 2022. En 2015, on observait un écart de 43 points en sciences contre 37 points en mathématiques.

 

Le « contrôle » du « milieu socio-économique et de la langue parlée en famille »

 

Cette correction statistique effectuée par l’OCDE a tendance à annuler de façon artificielle l’effet de l’immigration, en annulant des paramètres qui sont pourtant inséparables de la réalité de l’immigration. C’est bien entendu essentiellement dans les familles immigrées que l’on parle le plus souvent une langue étrangère, et il n’est pas surprenant que cette donnée influe négativement sur les performances scolaires.

Pour le milieu socio-économique, sa corrélation défavorable avec l’immigration est particulièrement forte dans les neuf pays étudiés. On y observe une proportion d’élèves immigrés considérés comme défavorisés de l’ordre de 50%, contre environ 20% des élèves autochtones. Cet écart est le double de celui observé en moyenne dans l’OCDE : 37% vs 22% . Cette tendance était déjà présente dans les précédents rapports. En France, l’OCDE souligne que 48% des élèves issus de l’immigration sont issus d’un milieu défavorisé, contre 20% des élèves autochtones.

En ce qui concerne la langue parlée à la maison, l’OCDE observe en 2022 que la proportion d’élèves immigrés parlant une langue différente du pays hôte est en augmentation régulière. Ainsi, 58% des élèves sondés parmi les élèves immigrés parlent une langue différente à la maison, contre 11% de l’ensemble des élèves, immigrés ou non. Là encore, ces écarts s’accentuent lorsque l’on observe nos neuf pays de l’Union Européenne. Les sept pays dans lesquels la différence linguistique est la plus prononcée sont européens. En Slovénie, Finlande, Suède et Autriche, plus de 75% des élèves immigrés ne parlent par la langue du pays hôte à la maison. De surcroît, dans les neuf pays étudiés, cette proportion n’a jamais été aussi élevée.

Annuler ces deux « biais » revient à analyser une immigration virtuelle, où il n’y aurait aucun écart de milieu socioéconomique avec la société dans sa globalité et où l’on parlerait la langue du pays d’accueil dans le foyer.

 

Une disparité régionale très défavorable à l’Union Européenne

 

Le rapport PISA 2022 montre un écart défavorable des performances en mathématiques des élèves issus de l’immigration de 15 points dans l’OCDE (soit trois quarts d’année d’apprentissage) après contrôle du milieu socioéconomique. Cet écart est une moyenne qui cache en réalité de grandes disparités régionales et tend à masquer un écart beaucoup plus fort en Europe. En effet, dans de nombreux pays, l’impact de l’immigration est positif. C’est en particulier le cas au Qatar et aux Émirats Arabes Unis (respectivement +66 points et +88 points après contrôle du milieu socioéconomique), c’est également le cas de façon plus modérée aux Etats-Unis, au Canada, ou en Australie. Mais dans les neuf pays étudiés, cet écart est toujours négatif et plus important que celui de la moyenne de l’OCDE. Il atteint, après contrôle du milieu socioéconomique : 27 points aux Pays-Bas, 28 points au Danemark, 29 points en Slovénie, et même 42 points en Finlande. Dans les pays où les élèves immigrés sont très nombreux (plus de 20 %), l’écart est tout aussi important : 25 points en Autriche et en Belgique, 32 points en Allemagne et 34 points en Suède. On constate donc un écart très important dans les pays du Nord de l’Europe.

Il faut rappeler que ces écarts, déjà importants (30 points correspondent à un an et demi de scolarité) sont quantifiés une fois une correction liée au milieu socioéconomique effectuée, ce qui montre qu’ils ne peuvent pas s’expliquer seulement par un biais socioéconomique. Si l’on considère les écarts bruts, on observe des valeurs bien plus élevées. Pour les élèves immigrés de la première génération, ils atteignent, négativement, 60 points en France (3 ans), 76 points en Suède, 77 points aux Pays-Bas (près de 4 ans), et 97 points en Allemagne (près de 5 ans de scolarité), écart qui n’est en moyenne dans l’OCDE que de 44 points.

 

Observations spécifiques pour la France

 

Quand on s’intéresse plus précisément au document consacré à la France (Programme International pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : Principaux résultats pour la France du PISA 2022), on remarque que cette dernière se singularise par son « climat disciplinaire très préoccupant » selon l’OCDE (6 770 élèves ont participé à l’enquête). 29% des élèves français déclarent qu’ils « ne peuvent pas bien travailler pendant la plupart ou pendant la totalité de leurs cours de mathématiques « (la moyenne dans l’OCDE est de 23 % des élèves), tandis que 50 % des élèves déclarent « qu’il y avait du bruit et du désordre dans la plupart ou dans tous les cours » (la moyenne dans l’OCDE est de 30 %). Ces résultats confirment une anomalie déjà constatée dans les précédents rapports : en 2018 l’OCDE soulignait que, dans l’OCDE, seuls l’Argentine et le Brésil connaissaient un climat disciplinaire aussi défavorable que la France. L’OCDE souligne aussi que le climat disciplinaire est meilleur dans les établissements favorisés que dans les établissements défavorisés. Une réalité bien connue des enseignants, car ce climat disciplinaire pénible dégrade leurs conditions de travail. A tel point que dans les établissements les plus défavorisés, classés REP+, les primes spécifiques accordées par l’Etat aux enseignants en début de carrière atteignent près de 20% de leur traitement. Tel est le prix à payer pour assurer le service public dans ces établissements. Une prime renforcée dans le département de la Seine-Saint-Denis par une prime de fidélisation de 10 000 € pour les enseignants y exerçant cinq années consécutives. La Seine-Saint-Denis est le département qui compte le plus grand réseau d’établissements en éducation prioritaire de France (587 établissements REP et REP+ à la rentrée 2022), et également celui qui compte la proportion la plus importante d’élèves immigrés. Enfin, le sentiment d’insécurité chez les élèves est plus élevé en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE. 12% des élèves « ont déclaré avoir vu un élève avec un couteau ou une arme à feu à l’établissement durant le mois précédent l’enquête », un chiffre supérieur à la moyenne de l’OCDE, à comparer avec celui des Etats-Unis, qui est de 5%.

 

Conclusion

 

L’impact de l’immigration est donc très lourd sur les performances globales des élèves de l’Union Européenne, en particulier dans le nord de l’Europe où le poids de l’immigration est élevé. Si l’on considère les écarts bruts en mathématiques (avant les corrections liées au milieu et à la langue), en Autriche, en Allemagne, en Suède et en Belgique, les élèves issus de l’immigration de première et seconde génération obtiennent près de 60 points en moins que les élèves autochtones, soit l’équivalent de trois années de scolarité, et représentent plus de 20% des élèves testés. Dans son rapport de 2015 qui analysait davantage les résultats en sciences, cette différence négative atteignait près de 70 points au Danemark, en Allemagne, en Suède, en Autriche et en Slovénie, les cinq pays de l’OCDE dans lesquels cet écart était le plus important. En compréhension de l’écrit, les écarts en 2022 sont également plus importants qu’en mathématiques, ils sont supérieurs à 60 points en Autriche, en Allemagne, au Danemark, en Suède et en Finlande (près de 90 points dans ce dernier pays, l’écart le plus important des 81 pays testés). C’est la raison pour laquelle on peut penser que l’immigration est une explication, certes partielle mais non-négligeable, de l’effondrement particulièrement fort des performances des élèves, entre 2018 et 2022, dans certains pays traditionnellement performants où le poids de l’immigration s’est nettement renforcé au fil des ans : aux Pays-Bas, les scores ont baissé de 27 points en maths et 26 points en compréhension de l’écrit, en Finlande de 23 points en maths et 30 points en compréhension de l’écrit, en Allemagne de 25 points en maths et de 18 points à l’écrit, en Suède et en France de 21 points en maths et de 19 points à l’écrit. Ces baisses sont très inquiétantes, car elles représentent un an à un an et demi d’apprentissage perdus sur une période de quatre ans.

 

Antoine Sturel, professeur agrégé d’histoire

 

Annexe :  Pourcentage d’élèves issus de l’immigration (chiffres issus des rapports PISA)

 

2022 2018
Autriche 26.6 22.7
Allemagne 25.8 22.2
Suède 21.3 20.5
Belgique 20.5 18.1
France 16.5 14.3
Pays-Bas 13.6 13.8
Danemark 10.7 10.7
Slovénie 9.8 8.9
Finlande 6.8 5.8

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