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Vive le Québec libre : la renaissance de la gauche patriote au Quebec

Tous les lundis matin, vous pouvez retrouver Raphaël Audouard, le directeur de la Fondation Identité et Démocratie, dans Ligne Droite, la matinale de Radio Courtoisie puis sa chronique sur notre site internet. Cette semaine, nous nous penchons sur la renaissance des indépendantistes québécois.

 

Regardez la vidéo :

 

 

Le Québec connaît actuellement des évolutions politiques majeures. Est-ce que vous pouvez nous expliquer le contexte politique au Québec ?

 

Pendant longtemps, la vie politique québécoise a été divisée entre deux grands partis : d’un côté, la droite conservatrice représentée par l’Union nationale et de l’autre la gauche libérale représentée par le Parti libéral. Néanmoins, dans les années 60, la Révolution tranquille, sorte de mai-68 québécois, a mis fin à la société conservatrice québécoise. L’Union nationale qui avait dirigé le pays pendant 20 ans s’effondre en même temps l’Église catholique qui avait soutenu les conservateurs. Le Québec, qui était pourtant un territoire très religieux, voit ainsi le catholicisme s’effondrer et quasiment disparaître. Cette période de domination des conservateurs est aujourd’hui appelée la Grande Noirceur par les Québécois, signe que le Québec a profondément rejeté cette période conservatrice et religieuse. Politiquement, l’aile sociale-démocrate et indépendantiste du Parti libéral scissionne alors pour fonder le Parti québécois et à partir des années 70, la vie politique québécoise est dominée par la gauche : d’un côté le Parti libéral qui incarne une gauche libérale et pro-canadienne et de l’autre le Parti québécois, social-démocrate et indépendantiste.

 

Pourtant, ces dernières années ont vu la réémergence d’une droite au Québec ?

 

Les années 90 voient la réapparition d’un parti de centre-droit issu d’une scission de l’aile droite du Parti libéral. C’est l’Action démocratique du Québec qui sera plus tard absorbée par la Coalition avenir Québec (CAQ). Progressivement, ce centre-droit va émerger et disputer le leadership des libéraux et des indépendantistes. Finalement, François Legault, le leader de la CAQ, va remporter les élections de 2018. Certes, le programme de François Legault est très modéré, mais c’est sa défense de la laïcité, de la francophonie et sa critique de l’immigration qui lui ont permis de remporter les élections. Ainsi, la CAQ est un parti autonomiste prônant un certain nationalisme québécois qui tranche avec la vision d’un Canada multiculturel prônée par Justin Trudeau.

 

Et quelles sont les évolutions récentes ?

 

Lors des élections legislatives de 2023, la CAQ a remporté 41% des suffrages et deux-tiers des sièges. À ce moment-là, rien ne semblait pouvoir s’opposer à la domination de François Legault, d’autant plus que l’opposition était très divisée. Néanmoins, ces derniers mois, on peut voir dans les sondages des évolutions majeures avec un effondrement de la CAQ et une émergence du Parti québécois, le parti de gauche indépendantiste et social-démocrate étant en passe de devenir le premier parti du Québec. Si les élections se déroulaient aujourd’hui, il est probable que la CAQ perdrait le pouvoir et que nous verrions un retour au des indépendantistes. Or, le parti québécois est un parti ambigu. Certes, c’est un parti de gauche social-démocrate, mais c’est aussi un parti dont le but premier est l’indépendance du Québec qui a toujours revendiqué un nationalisme québécois. De ce fait, électoralement, il regroupe à la fois un électorat urbain, plutôt de centre-gauche et qui correspond plus ou moins à l’électorat de la gauche en France, mais aussi tout un électorat dans le Québec périphérique et dans les campagnes qui est beaucoup plus conservateur. Le Parti québécois, au nom de la lutte pour l’identité et l’indépendance du Québec a toujours tenu un discours laïc et de défense de la francophonie. Et depuis l’arrivée au pouvoir au sein du Parti québécois de Paul Saint-Pierre Plamondon, le PQ a renforcé ce discours et y a ajouté un discours très ferme sur l’immigration qui fait, qu’aujourd’hui, le Parti québécois est le parti le plus ferme sur les questions d’immigration au Québec. Et c’est une des raisons de son renforcement puisque la CAQ avait été élue sur un programme de lutte contre l’immigration, mais que le gouvernement de François Legault ne fait pas grand-chose. Avec son discours social-démocrate, laïque, nationaliste et anti-immigration, le Parti québécois est en train d’incarner une alternative non seulement à la CAQ au Québec, mais aussi au gouvernement canadien très libéral et multiculturel.

 

Si les choses continuent ainsi, quelles pourraient être les conséquences pour le Canada ?

 

On voit de plus en plus une opposition culturelle et politique entre d’un côté un Canada très libéral, progressiste, et multiculturel et de l’autre, un Québec beaucoup plus étatiste, social-démocrate, laïc et critique de l’immigration et du multiculturalisme. Ce qui fait d’ailleurs que le Québec est très régulièrement critiqué par les Canadiens. On voit dans le discours général canadien, que ce soit le discours des journalistes, des politiques, des médias ou encore des personnalités publiques et culturelles canadiennes un très fort discours de critique contre le Québec accusé d’être réactionnaire, car opposé au multiculturalisme. De plus, d’après les sondages, les conservateurs pourraient arriver au pouvoir au Canada lors des prochaines élections et renverser le Parti libéral de Justin Trudeau. Le Parti conservateur du Canada est un parti tout aussi libéral, progressiste, multiculturel et pro-immigration que le Parti libéral, mais là où le Parti libéral est régulièrement dirigé par les francophones (Justin Trudeau et son père sont francophones), le Parti conservateur du Canada est lui un parti qui incarne la défense des anglophones. Cette arrivée au pouvoir des conservateurs canadiens pourrait renforcer le sentiment de rejet des Québécois vis-à-vis de l’état fédéral canadien et renforcer le Parti québécois qui est un parti indépendantiste. En 1995, le Québec avait échoué de peu à obtenir l’indépendance et le Parti québécois est déterminé à retenter sa chance pour essayer de créer une République du Québec indépendante du Canada.

 

Et en quoi ces débats concernent l’Europe ?

 

Il y a deux choses : tout d’abord, l’émergence d’une gauche patriote au Québec fait écho à un phénomène qu’on retrouve en Europe et que j’avais déjà évoqué. Si un parti social-démocrate patriote arrivait au pouvoir au Québec, cela pourrait donner des idées à un certain nombre de partis de gauche en Europe. Ensuite, si le Québec arrivait à l’indépendance, et c’est une hypothèse dont il faut tenir compte avec cette émergence des indépendantistes, le Québec serait un allié pour les patriotes européens et surtout pour les patriotes français du fait de la volonté commune des patriotes québécois et des patriotes européens d’être indépendant vis-à-vis du bloc anglo-saxon et notamment vis-à-vis des Etats-Unis. Donc une victoire du Parti québécois dans les années qui viennent serait donc doublement une bonne nouvelle pour les patriotes en Europe et notamment en France.

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